Ephémères

Ephémères

Point de vue...

Lorsque je visitai le Louvre pour la première fois, en avril 2012, je tombai littéralement en extase devant ces fesses parfaites:

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Il s'agit de la copie romaine d'une oeuvre grecque du second siècle avant JC. Le matelas et les draps ont été rajoutés par Le Bernin au XVIIème. L'ensemble a été acheté par Napoléon 1er à son beau-frère le prince Camille Borghese en 1807.

L'hermaphrodite est présenté de façon à leurrer le visiteur: on entre dans cette salle du Louvre et on tombe nez-à-nez avec cette merveille. Comment ne pas s'extasier ?

Pourtant, si on fait le tour de ce chef-d’œuvre, on découvre des attributs auxquels on ne s'attendait pas forcément:

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Hermaphrodite, fils d'Hermès et d'Aphrodite, avait repoussé les avances de la nymphe Salmacis. Celle-ci, pour se venger, obtint de Zeus que leurs deux corps soient unis pour toujours. D'où cet être bisexué, doté d'un sexe d'homme et des formes voluptueuses d'une femme.


24/05/2014
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Exposition Marie Laurencin

Des aquarelles de Marie Laurencin se dégage un certain flou. Ses portraits de femmes au masque inexpressif présentent des modèles aux visages allongés, au nez droit, au regard muet, qui semblent disparaître dans le décor du fond, imprécis. J’apprécie ce côté onirique, sans contour, qui donne à ces œuvres un côté très reconnaissable. Mais je ne « rentre » pas dans la toile. Il y a là une transposition de la réalité qui ne permet pas à mon imagination de vagabonder : je me trouve devant une image et je reste incapable de faire un pas en avant vers elle. Pourtant, le prisme utilisé me plaît. Les couleurs sont vives. L’impression de beau, d’harmonie, de suavité, est omniprésente. J’admire ce travail, très personnel. Et je sens bien que des indices ont été placés par l’artiste, tels de petites graines prometteuses, destinés à s’ouvrir à qui voudra bien les percevoir.

Je pressens ces images placées en filigrane. Mais elles me touchent moins que chez d’autres peintres.

J'ai pu admirer ses oeuvres au musée de L'orangerie, où sont exposées en permanence quelques-unes de ses toiles, puis lors dune exposition au musée Marmottan Monet, en 2013.

Son travail est très apprécié au Japon.

 

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Aquarelles: S. Reynard

 


18/05/2014
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Dans le musée Bourdelle

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Ce qui se dégage des sculptures de Bourdelle est tout à fait particulier. J’ai eu la chance de voir ses œuvres à deux endroits différents: à Montauban, sa ville natale, dans le musée Ingres. Et puis à Paris, dans le musée portant son nom, situé dans le quartier Montparnasse.

Bourdelle est l’artiste qui a signé le fameux Héraclès en archer, qui a si longtemps illustré les cahiers des élèves dans les écoles. Le héros grec y est représenté prenant appui sur deux rochers et tendant son arc. Les muscles sont saillants, l’arc démesurément grand par rapport au corps de l’athlète.

Les sculptures de Bourdelle entraînent davantage mon admiration qu’elles ne font voyager mon esprit. Mais quand même: la beauté figée qui s’en dégage est miraculeuse. Et cela réussit à m’épater plus de cent ans après. Ce travail tout en rythme, en mouvement. Cela ressort du bronze et cela me parle. Ce côté monumental, quel perpétuel étonnement !

Le sculpteur réussit son pari: cacher dans ses œuvres un atome d’humanité. Je sens cette humanité brûlante à travers la matière froide. Je la sens parce que le prisme choisi évoque en moi le vivant. Bourdelle a placé dans ses statues des millions de gouttes d’humanité.

Une scène émouvante m’a conforté dans cette certitude: qu’il y a un héritage de vie là-dedans. Il y avait, le jour où j’ai visité le musée Bourdelle de Paris, une grand-mère et sa petite fille. Elles étaient assises face à une œuvre du sculpteur,  l’une près de l’autre. Elles dessinaient. L’aînée conseillait la plus jeune. Je ne sais ce qu’elle pouvait bien lui dire; mais peu importe. C’était une double transmission qui se déroulait devant mes yeux: celle de l’artiste sculpteur à la grand-mère, et celle dont cette dernière faisait cadeau à sa descendante. Un double héritage. Sans doute devait-elle lui parler de telle ou telle courbe, de tel ou tel détail. Et la petite, sage et appliquée, crayonnait.

A mes yeux, la grand-mère perpétuait la ligne de vie, invisible, cachée dans son oeuvre par Bourdelle, qui coule depuis le XIXème siècle. Et l’enfant, miraculeusement attentive, concentrée, percevait peut-être aussi cela.

 

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Aquarelle: S. Reynard

Photos: G.C.


17/05/2014
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