Ephémères

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Dans le musée Bourdelle

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Ce qui se dégage des sculptures de Bourdelle est tout à fait particulier. J’ai eu la chance de voir ses œuvres à deux endroits différents: à Montauban, sa ville natale, dans le musée Ingres. Et puis à Paris, dans le musée portant son nom, situé dans le quartier Montparnasse.

Bourdelle est l’artiste qui a signé le fameux Héraclès en archer, qui a si longtemps illustré les cahiers des élèves dans les écoles. Le héros grec y est représenté prenant appui sur deux rochers et tendant son arc. Les muscles sont saillants, l’arc démesurément grand par rapport au corps de l’athlète.

Les sculptures de Bourdelle entraînent davantage mon admiration qu’elles ne font voyager mon esprit. Mais quand même: la beauté figée qui s’en dégage est miraculeuse. Et cela réussit à m’épater plus de cent ans après. Ce travail tout en rythme, en mouvement. Cela ressort du bronze et cela me parle. Ce côté monumental, quel perpétuel étonnement !

Le sculpteur réussit son pari: cacher dans ses œuvres un atome d’humanité. Je sens cette humanité brûlante à travers la matière froide. Je la sens parce que le prisme choisi évoque en moi le vivant. Bourdelle a placé dans ses statues des millions de gouttes d’humanité.

Une scène émouvante m’a conforté dans cette certitude: qu’il y a un héritage de vie là-dedans. Il y avait, le jour où j’ai visité le musée Bourdelle de Paris, une grand-mère et sa petite fille. Elles étaient assises face à une œuvre du sculpteur,  l’une près de l’autre. Elles dessinaient. L’aînée conseillait la plus jeune. Je ne sais ce qu’elle pouvait bien lui dire; mais peu importe. C’était une double transmission qui se déroulait devant mes yeux: celle de l’artiste sculpteur à la grand-mère, et celle dont cette dernière faisait cadeau à sa descendante. Un double héritage. Sans doute devait-elle lui parler de telle ou telle courbe, de tel ou tel détail. Et la petite, sage et appliquée, crayonnait.

A mes yeux, la grand-mère perpétuait la ligne de vie, invisible, cachée dans son oeuvre par Bourdelle, qui coule depuis le XIXème siècle. Et l’enfant, miraculeusement attentive, concentrée, percevait peut-être aussi cela.

 

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Aquarelle: S. Reynard

Photos: G.C.



17/05/2014
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